TyTek 9 Humidité 9 Comment empêcher l’humidité de pénétrer à travers les murs en pierre ?

Comment empêcher l’humidité de pénétrer à travers les murs en pierre ?

Publié le 20 Nov, 2025

Voici les informations essentielles dans cet article :

La rénovation d’une maison en pierre s’accompagne souvent de problèmes d’humidité : remontées capillaires, infiltrations ou condensation. Sans traitement adapté, cela provoque salpêtre, moisissures et dégradations du bâti. Pour assécher durablement les murs tout en préservant leur capacité à respirer, il faut combiner solutions traditionnelles et techniques modernes.

Les méthodes naturelles reposent sur la chaux, une bonne ventilation, l’entretien de la toiture et, si possible, le drainage des fondations. Les techniques actuelles apportent des réponses plus ciblées : injections de résines hydrofuges, boîtiers géomagnétiques, cuvelage pour les murs enterrés ou traitements hydrofuges de surface.

Selon le climat (océanique, méditerranéen ou montagneux), les priorités varient : évacuer l’eau, protéger des pluies intenses ou gérer les écarts de température.

La rénovation d’une maison en pierre soulève souvent la question de l’humidité des murs. Ce phénomène provoque moisissures, salpêtre et même des problèmes de santé (allergies, asthme) chez les habitants. Il s’agit donc de combiner remèdes traditionnels et solutions modernes pour assécher les murs tout en préservant leur capacité naturelle à respirer.

Causes de l’humidité dans les murs anciens

Plusieurs facteurs expliquent l’humidité des murs. Les maisons anciennes ont souvent été construites sans barrière étanche à la base. L’eau du sol remonte ainsi librement dans les maçonneries poreuses (pierres, briques), entraînant salpêtre et efflorescences en bas des murs. Les remontées capillaires peuvent humidifier les pièces sur plus d’un mètre de hauteur. Par ailleurs, des infiltrations se produisent si la toiture ou les chéneaux sont abîmés. Une fuite de toit, une gouttière percée ou une fissure dans la façade laisse alors l’eau ruisseler le long du mur. La condensation de l’air intérieur sur des parois froides (dans une pièce mal ventilée) aggrave aussi l’humidité.

Les solutions traditionnelles

Les méthodes classiques privilégient les matériaux naturels et la respirabilité du mur. Parmi les mesures à mettre en œuvre :

  • Enduits à la chaux et badigeon respirant : Appliquer un enduit chaux-sable sur la pierre (intérieur et extérieur). La chaux naturelle protège le mur de la pluie sans bloquer la vapeur d’eau, car l’enduit reste perméable. On réenduit régulièrement (après avoir gratté le salpêtre) et on applique un badigeon de chaux plutôt qu’une peinture imperméable. L’enduit à la chaux répare aussi les micro-fissures et neutralise en partie le salpêtre, prolongeant ainsi la durabilité du mur.
  • Drainage extérieur : Le drainage extérieur consiste à poser un drain au pied du mur pour évacuer l’eau du sol et l’éloigner des fondations. Cette solution est efficace mais lourde à mettre en œuvre et souvent difficilement réalisable sur des bâtiments existants. Elle se combine aujourd’hui avec une membrane étanche type delta MS, posée contre le mur pour empêcher les poussées latérales d’eau. L’ancien usage d’un enduit de chaux à la base du mur n’est plus pratiqué. Le drainage permet de limiter l’humidité dans le mur, mais ne supprime pas totalement les remontées capillaires : seule l’association drainage + étanchéité extérieure permet d’obtenir un résultat durable..
  • Entretien de la toiture et des chéneaux : Vérifier et réparer la couverture et les évacuations. Réparer immédiatement tuiles, ardoises ou solins cassés empêche l’eau de pluie d’atteindre la façade. Nettoyer ou remplacer les gouttières et descentes d’eau évite que l’eau ne stagne au pied du mur. On peut aussi ajouter des appuis de fenêtre en zinc pour repousser l’eau de pluie. Aucun ruissellement ne doit stagner au contact du mur. La végétation est aussi déconseillé.
  • Ventilation naturelle : Bien ventiler pour évacuer la vapeur d’eau. Aérer chaque jour quelques minutes suffit souvent à chasser l’air vicié. Dans les pièces très humides (cuisine, salle de bains), on installe de préférence une VMC (hygroréglable) qui module son débit en fonction de l’humidité. Des grilles d’aération basses dans les murs laissent également échapper la vapeur. Une bonne aération réduit nettement les moisissures.
  • Matériaux compatibles : Utiliser des mortiers et enduits classiques, c’est du ciment fibré qui est généralement employé, pour réparer la pierre. Pour reboucher les joints, on privilégie un mortier de chaux ou de terre et on applique un badigeon de chaux sur la façade. On évite absolument le ciment Portland et les peintures synthétiques, trop étanches. Les matériaux traditionnels (chaux aérienne, chaux-chanvre, etc.) permettent au mur de sécher naturellement sans se fissurer.

Les solutions modernes et techniques avancées

Les solutions contemporaines complètent les remèdes traditionnels :

  • Injection de résines hydrophobes (hydrofuge) : Cette technique consiste à injecter à la base du mur un gel ou une résine hydrofuge. On perce une rangée de trous à quelques centimètres du sol, puis on injecte un produit (silane, siloxane, silicate) qui s’infiltre dans la maçonnerie. Le produit comble les pores du mortier et crée une barrière étanche. Après l’injection, on rebouche les trous et on laisse le mur sécher. Compter environ 12 à 18 mois d’assèchement selon la teneur en eau (en moyenne 1 mois par 2 cm d’épaisseur). Ce traitement stoppe efficacement les remontées d’humidité.
  • Traitement géomagnétique des remontées capillaires : Cette solution consiste à stopper les remontées d’humidité en agissant non pas sur la maçonnerie, mais sur le champ magnétique terrestre. Un boîtier (comme l’I.GEO Box) est installé sur un mur ou au sol ; il capte le champ magnétique ambiant et le réémet avec un léger décalage. Cela perturbe le phénomène de capillarité responsable de l’ascension de l’eau dans les murs. Progressivement, l’humidité cesse de monter et la maçonnerie s’assèche naturellement. Ce procédé a l’avantage de ne nécessiter ni perçage ni injection de produit chimique, ce qui le rend adapté aux maisons anciennes en pierre. Le dispositif reste autonome (sans alimentation électrique), ne demande aucun entretien et peut couvrir toute une habitation (jusqu’à environ 60 mètres de diamètre). Le séchage est progressif et doit être accompagné d’enduits respirants à la chaux et d’une bonne ventilation pour permettre à l’humidité de s’évacuer correctement.
  • Membrane étanche (imperméabilisation des murs plus connue sous le nom de cuvelage) : Pour les murs enterrés, on peut réaliser un cuvelage complet. On applique sur la face interne du mur un enduit cimenté hydrofuge ou un film imperméabilisant. Ce revêtement forme une barrière étanche qui empêche l’eau de traverser. On l’associe souvent à un drain extérieur : l’un bloque l’eau, l’autre l’évacue. Le cuvelage (souvent combiné à un revêtement hydrofuge du sol) permet ainsi d’isoler la partie enterrée du bâtiment. Cette méthode est lourde (travaux importants), mais très efficace pour assécher les parties en contact avec la terre.
  • Traitements hydrofuges de surface : Pulvériser un traitement hydrofuge sur la pierre ou l’enduit. Les solutions modernes (siloxanes, résines de silicate, etc.) rendent la surface déperlante sans boucher les pores. Les gouttes de pluie perleront à la surface tandis que la vapeur d’eau pourra continuer à s’évacuer. Ces produits protègent contre les éclaboussures et accélèrent le séchage naturel après la pluie. Mursec rappelle toutefois qu’il faut un hydrofuge respirant pour ne pas piéger l’humidité dans le mur.
  • Ventilation mécanique contrôlée (VMC) hygroréglable : Installer une VMC assure un renouvellement permanent de l’air. Contrairement à une VMC basique, le modèle hygroréglable adapte son débit en fonction de l’humidité intérieure. Ainsi, il extrait plus d’air chaud et humide quand cela est nécessaire (par exemple après la douche ou la cuisine), limitant la condensation sur les murs. Les systèmes double flux avec récupération de chaleur sont une option intéressante pour concilier assèchement et efficacité énergétique. La VMC ne traite pas directement le mur, mais elle complète l’assèchement global du bâtiment.

Ce qu’il faut savoir pour s’adapter selon la région

La géographie et le climat locaux influent sur la stratégie à adopter :

Climat océanique (régions humides)

Dans des régions comme la Bretagne, la Normandie ou le Nord de la France, l’humidité ambiante est très élevée et les pluies sont fréquentes. On privilégie donc l’évacuation des eaux : drains périphériques profonds, cuvelage des sous-sols et enduits d’assainissement pour protéger les fondations et les soubassements. Le toit et les chéneaux doivent être parfaitement étanches pour gérer le ruissellement constant. Sur le littoral, la salinité de l’air peut accentuer les remontées salines dans la pierre.

Climat méditerranéen (été sec, hivers humides)

Dans le Sud (Provence, Corse, bassin méditerranéen), les étés sont chauds et secs et les hivers plus frais et pluvieux. Les pluies intenses tombent parfois par orages, concentrées sur quelques mois. Les murs épais emmagasinent la chaleur du jour : on en profite pour rafraîchir le bâtiment la nuit (ventilation naturelle). Les enduits de façade sont souvent clairs et résistants au soleil, limitant l’élévation de température à l’intérieur. En revanche, lors des pluies d’hiver, un bon hydrofuge appliqué sur la façade limite l’absorption de l’eau.

Autres climats (continental, montagne)

Sur les plateaux intérieurs et en montagne, les écarts thermiques sont importants (gels hivernaux, fortes chaleurs estivales). On combine étanchéité contre le gel (enduits chaux résistants) et ventilation adaptée pour évacuer la vapeur d’hiver. Par exemple, on privilégiera un enduit chaux hydraulique naturelle (insensible au gel) et on installera une VMC efficace pour renouveler l’air sans trop refroidir la maison. Chaque projet doit tenir compte de l’exposition, de la nature du sol et de la saisonnalité des pluies.

Conclusion

Empêcher l’humidité de pénétrer dans un mur en pierre exige une démarche en plusieurs étapes. Il faut d’abord identifier la cause et la traiter (capillarité, infiltrations, fuites). Ensuite, on restaure la maçonnerie avec des matériaux perméables (enduits chaux) et on renforce la protection avec des solutions techniques (résines d’injection, membranes étanches, VMC). Le principe reste de protéger le mur de l’eau tout en lui laissant respirer. Enfin, un entretien régulier (nettoyage des gouttières, surveillance des enduits) garantit la durabilité du traitement contre l’humidité. En somme, marier anciennes et nouvelles techniques permet de sécher durablement les murs sans les dénaturer.