La mérule, ou Serpula lacrymans, est un champignon lignivore redoutable qui s’attaque au bois dans les habitations. Surnommée « lèpre des maisons », elle prolifère dans les maisons humides et mal ventilées, provoquant une pourriture cubique (le bois brunit, se craquelle en cubes). Détecter cette infestation le plus tôt possible est TRÈS important pour limiter les dégâts.
Qu’est-ce que la mérule ?
La mérule pleureuse est un champignon lignivore (qui se nourrit de bois). Son épithète de “pleureuse” vient des gouttes colorées que son mycélium émet, telles des larmes. Ce champignon attaque principalement les éléments en bois de la maison (charpente, plancher, plinthes) et les réduit en poussière s’il prolifère. Souvent cachée derrière un mur ou sous un plancher, la mérule est difficile à repérer aux premiers stades.
Conditions favorables à son développement
Plusieurs facteurs combinés expliquent l’apparition de la mérule dans une habitation :
- Humidité élevée et manque d’aération : L’excès d’eau est le premier facteur déclenchant. Un taux d’humidité du bois supérieur à 22 % permet au champignon de démarrer, surtout dans les zones mal ventilées et sombres. Ainsi, une fuite d’eau, des remontées capillaires ou une pièce confinée humide peuvent lancer une infestation.
- Température modérée : La mérule prolifère à des températures autour de 5°C et cesse de se développer si la chaleur dépasse entre 5 et 26 °C
Les zones à surveiller en priorité sont celles qui cumulent ces facteurs : caves et sous-sols humides, salles d’eau mal aérées, combles en cas de fuites, etc.
Un risque accru en Bretagne
La Bretagne, avec son climat humide, est particulièrement touchée par la mérule. Dans le Finistère, un arrêté préfectoral impose un diagnostic mérule obligatoire dans de nombreuses communes. Dans le Morbihan à Lorient, il est très recommandé de faire un diagnostic de mérule !
Les signes visibles d’une infestation de mérule
Détecter ce champignon à l’œil nu n’est pas toujours aisé, car il se développe souvent dans des recoins cachés (derrière un mur, sous un plancher). Néanmoins, plusieurs signes d’alerte peuvent trahir sa présence :
- Altération du bois : Le bois attaqué devient sec et friable, et s’effrite facilement. Les peintures ou vernis sur le bois se boursouflent et craquent sous l’effet du champignon. Ces dommages caractéristiques (pourriture « cubique ») indiquent une dégradation avancée du bois.
- Présence du champignon (mycélium et taches) : On observe parfois des filaments blancs ou brun semblables à de la ouate ou à des toiles d’araignée qui tapissent les surfaces (bois, murs). À un stade avancé, des croûtes ou taches orange-brun et blanches peuvent apparaître aux endroits où le champignon fructifie – ce sont les parties visibles de la mérule.
- Odeur de champignon : Une odeur caractéristique de moisi ou de sous-bois peut alerter, surtout dans les espaces confinés.
Mérule vs autres champignons : ne pas confondre
La mérule peut être confondue avec d’autres champignons du bois (par exemple le coniophore des caves) ou avec de simples moisissures de surface (taches noirâtres dues à l’humidité, qui n’attaquent pas le bois en profondeur). Tableau comparatif mérule / coniophore :
| Champignon (nom scientifique) | Dégâts sur le bois (type de pourriture) | Aspect du mycélium / fructification | Habitat privilégié |
| Mérule pleureuse (Serpula lacrymans) | Pourriture cubique brune (bois cassant) | Mycélium blanc épais (toile cotonneuse) ; spores brun-rouille | Endroits confinés très et humides ; peut s’étendre loin (derrière murs/planchers) |
| Coniophore des caves (Coniophora puteana) | Pourriture cubique brune localisée (bois sec friable) | Mycélium blanc puis brunâtre | Caves et sous-sols très humides (à proximité d’une source d’eau) |
Si vous avez un doute sur la nature du champignon présent dans votre logement, il est essentiel de ne pas agir seul. Un diagnostic professionnel permet de confirmer s’il s’agit bien de la mérule ou d’un autre champignon, et d’adopter la bonne stratégie pour protéger votre habitation.
Comment confirmer la présence de mérule ?
Inspection et test du bois : inspectez les zones humides et mal ventilées (caves, recoins, autour de tuyaux) pour repérer d’éventuels filaments blancs, du bois gonflé ou des taches suspectes. Piquez les éléments en bois avec un tournevis : s’ils s’effritent ou s’enfoncent facilement en profondeur, la présence de mérule est probable.
L’importance du diagnostic professionnel
Un diagnostic professionnel s’avère souvent indispensable. Un spécialiste pourra confirmer s’il s’agit bien de la mérule, identifier toutes les zones infestées (y compris cachées) et proposer un traitement adéquat. En effet, seul un expert dispose des techniques pour éradiquer ce champignon (assécher le bâti, traitement fongicide, remplacement des bois atteints, etc.). Un rapport de diagnostic officiel permettra également de faire la déclaration obligatoire en mairie.
Conclusion
La mérule est un ennemi discret mais redoutable. Mieux vaut prévenir son apparition par un entretien vigilant (aération, réparation des fuites) et agir dès les premiers signes suspectés. Plus on intervient tôt, moins les dégâts seront importants. N’attendez pas pour agir au moindre doute.