TyTek 9 Humidité 9 Comment traiter les murs contre les remontées capillaires ?

Comment traiter les murs contre les remontées capillaires ?

Publié le 7 Août, 2025

Voici les informations essentielles dans cet article :

👉🏻 Diagnostique bien la cause avant d’agir : Vérifie si l’humidité est réellement due aux remontées capillaires (ligne humide à 40–80 cm du sol, salpêtre, peinture cloquée) et non à des infiltrations ou de la condensation. Utilise un test à la bombe au carbure pour confirmation.

👉🏻 Crée une barrière anti-humidité par injection : Perce des trous à la base du mur et injecte un gel ou une résine hydrophobe à faible pression. Prépare bien la maçonnerie (retrait des enduits abîmés, rebouchage au mortier de chaux) pour une efficacité optimale.

👉🏻 Améliore le drainage et l’étanchéité extérieure : Pose un drain autour de la maison si le sol reste humide, et applique une membrane d’étanchéité sur les murs enterrés. Si c’est impossible à l’extérieur, réalise un cuvelage intérieur.

👉🏻 Favorise l’assèchement avec une bonne ventilation : Aère régulièrement, installe des grilles ou une VMC, évite les isolants collés sur les murs humides, et choisis des enduits perspirants à base de chaux pour laisser l’eau s’évacuer naturellement.

Comprendre les remontées capillaires

Les remontées capillaires (humidité ascensionnelle) se produisent lorsque l’eau contenue dans le sol remonte dans la maçonnerie du bâtiment par capillarité. Ce phénomène affecte surtout les maisons anciennes sans barrière étanche à la base. Les matériaux poreux (pierres, briques, parpaings, mortier) agissent comme une éponge, aspirant l’eau vers le haut. Avec le temps, l’humidité peut atteindre jusqu’à 1,50 mètre de haut sur les murs très anciens. Les conséquences sont importantes : présence de salpêtre (dépôts de sels blancs), cloques et décollement des enduits ou peintures en partie basse, dégradation du mortier et corrosion éventuelle des fers d’armature. La présence d’humidité favorise aussi le développement de moisissures et peut corroder les armatures métalliques dans le mur.

Il est essentiel de distinguer les remontées capillaires d’autres formes d’humidité : infiltrations latérales (pluies pénétrant par l’extérieur du mur) et condensation intérieure (vapeur d’eau qui se condense sur des surfaces froides). Les signes typiques d’une remontée capillaire incluent une bande d’humidité visible à la base du mur (généralement jusqu’à 40-80 cm de hauteur, parfois plus), un linge (enduit) qui décolle, un papier peint qui gondole, ou l’apparition de sels et moisissures à la base. Un diagnostic ou analyse précis est indispensable avant travaux : vérifier l’absence de fuites ou d’infiltrations, et s’assurer que le phénomène est bien ascensionnel.

Diagnostiquer l’humidité ascensionnelle

Avant tout traitement, il faut confirmer que l’humidité provient du sol et remonte par capillarité. Les indices visuels sont très parlants :

  • Salpêtre et efflorescences blanches ou verdâtres au niveau du sol, intérieur et extérieur.
  • Cloques d’eau ou décollement de la peinture et de l’enduit en partie basse du mur.
  • Ligne d’humidité régulière sur toute la largeur du mur (parfois des deux côtés), souvent vers 40–80 cm de haut sur les constructions contaminées.
  • Moisissures ou mousses vertes sur les joints de sol et bas de mur.
  • Parfois une odeur de moisi ou une sensation de fraîcheur persistante à la base.

Ce diagnostic peut être complété par des mesures précises de l’humidité à l’aide d’un hygromètre ou d’un testeur capacitif. Ces appareils permettent de comparer l’humidité entre la partie basse suspecte du mur et la partie supérieure, généralement plus sèche. Cependant, il est important de savoir que le seul test officiellement recevable devant un tribunal, reconnu pour sa précision, est le test à la bombe au carbure.

En parallèle, un examen minutieux de l’environnement immédiat est essentiel :

  • Le sol présente-t-il une pente suffisante ou dispose-t-il d’un drainage efficace ?
  • Les gouttières sont-elles en bon état et fonctionnelles ?
  • Y a-t-il eu par le passé un drainage ou une membrane étanche installée ?
  • La présence ou l’absence d’une étanchéité horizontale (film polyane sous la chape, goudronnage) doit également être vérifiée.

Ce bilan exhaustif guidera le choix du traitement approprié (injection chimique, drainage, cuvelage, etc.).

Principales techniques de traitement

Une fois la cause confirmée, plusieurs méthodes peuvent être mises en œuvre, souvent combinées, pour assécher durablement les maçonneries :

Injection d’un hydrofuge de masse (coupure horizontale)

La technique la plus répandue consiste à créer une coupure chimique d’humidité. On perce une rangée de trous le long du pied du mur, généralement à environ 10–15 cm au-dessus du sol fini. Selon l’épaisseur du mur, le produit peut être injecté depuis les deux côtés du mur. On utilise un foret d’environ 12 mm de diamètre, espacés tous les 10 à 15 cm, traversant le parement. Avant l’injection, la maçonnerie doit être préparée : on retire les plinthes et enduits dégradés en partie basse, et on rebouche les joints fissurés au mortier de chaux afin d’éviter toute fuite du produit. Cette préparation est souvent confiée à des enduiseurs spécialisés, rarement réalisée par les applicateurs de barrières hydrophobes (BH).

Dans chaque trou, on injecte ensuite à faible pression un hydrofuge de masse (le plus souvent une résine ou un gel hydrophobe à base de silicones ou de silanes) à l’aide d’un injecteur manuel ou pneumatique. Le produit se diffuse dans l’épaisseur de la maçonnerie et devient efficace entre 24 et 48 heures après l’intervention, suite à sa polymérisation qui imperméabilise la zone traitée. La quantité de produit utilisée dépend de la surface à traiter et de la porosité du mur (en pratique, plusieurs litres par mètre linéaire répartis sur tous les points d’injection, suivant les préconisations techniques).

Après injection, il faut laisser le mur s’assécher naturellement pendant plusieurs mois, tout en veillant à maintenir une bonne ventilation des pièces pour évacuer l’humidité résiduelle. Progressivement, une diminution notable des taux d’humidité mesurés dans la maçonnerie indique que la coupure d’humidité est efficace.

Drainage périphérique et étanchéité

Si le sol autour du bâtiment est fréquemment humide (nappe affleurante, mauvaise pente de terrain), un drainage périphérique est conseillé. On creuse une tranchée autour du mur enterré, au niveau de la fondation, puis on installe un tuyau drainant enrobé de gravier, protégé par un géotextile pour éviter les bouchages. Ce dispositif abaisse la nappe phréatique locale et évacue l’eau loin des fondations, réduisant la pression ascendante sur le mur.

En complément, on peut appliquer côté extérieur une membrane bitumineuse ou un enduit d’étanchéité sur la partie enterrée du mur, formant une barrière imperméable continue contre les infiltrations latérales. Si l’accès extérieur est difficile, on opte pour un cuvelage intérieur : on applique alors un mortier ou une peinture étanche ou une membrane delta ms sur la face enterrée du mur à l’intérieur (ex. en cave). Le cuvelage stoppe les infiltrations directes, mais doit être associé à une coupure d’humidité chimique pour assécher la maçonnerie de façon pérenne.

Ventilation et assèchement passif

Améliorer la ventilation intérieure aide à assécher les murs traités. Une pièce mal aérée accumule de l’humidité (vapeur) qui peut s’ajouter à la source capillaire. On veille donc à installer ou à réviser les systèmes de ventilation (ventilation positive VMC, grilles d’aération basse, extracteurs). Par exemple, des aérateurs en partie basse de mur permettent à l’air sec de circuler contre la maçonnerie. On privilégie un apport d’air sec et tiède (chauffage modéré constant, ventilateur soufflant à basse température) pour accélérer l’évaporation de l’eau résiduelle. En revanche, on évite de coller des isolants ou des placards fermés contre un mur humide : ceux-ci bloquent la respiration du mur. Le principe est de laisser le mur « respirer » afin que l’eau évapore vers l’intérieur sans condensation.

Autres techniques et méthodes anciennes

D’autres méthodes, moins fréquentes aujourd’hui, ont été employées : l’électro-osmose consistait à placer des électrodes dans le mur et le sol reliées à un courant continu faible, pour repousser l’eau vers le bas. Ce procédé était parfois utilisé, mais son efficacité réelle est controversée et il est désormais peu recommandé. Lors de gros travaux (par exemple réhabilitation complète des planchers), on peut insérer une membrane horizontale physique : on casse un bandeau de dalle ou de chape existante et on glisse une feuille étanche (film polyane épais ou membrane bitumineuse) sous une nouvelle chape. Cela crée une coupure mécanique, mais c’est une opération lourde réservée aux cas très graves. Enfin, on peut effectuer un remplacement partiel de la maçonnerie : retirer la partie inférieure du mur gorgée d’eau et la remonter avec un mortier étanche ou un pansement hydraulique. Cette intervention est coûteuse et s’applique plutôt aux bâtiments patrimoniaux ou lorsque la structure est très abîmée.

Matériaux et finitions adaptés

Au-delà des techniques propres d’assèchement, le choix des matériaux d’enduit et de finition est important. On favorise les enduits à base de chaux ou de terre (enduits « capillaires ») qui laissent passer la vapeur d’eau. Par exemple, un badigeon de chaux aérienne ou un enduit de chaux hydraulique appliqué sur un mur humide permettra l’évaporation de l’humidité. À l’inverse, un enduit ciment épais ou une peinture plastique imperméable bloquera l’humidité dans le mur et aggravera les désordres.

De même, pour reboucher les trous d’injection ou fissures, on utilise de préférence du mortier de chaux (permeable) plutôt qu’un mortier ciment dur. Dans les pièces très exposées (caves, garages), on peut appliquer des peintures minérales ou mortiers anti-salpêtre : ce sont des revêtements légèrement filmogènes, imprégnés d’agents anti-moisissures, qui assurent une finition propre tout en étant suffisamment poreux pour laisser l’humidité s’échapper. L’essentiel est d’éviter toute couche trop étanche (résine époxy, peinture imperméable, chape ciment dure) sur un mur encore humide, car elles emprisonneraient l’eau et provoqueraient fissures ou cloques en surface.

Entretien et prévention

Après traitement, il faut maintenir de bonnes conditions pour éviter que le problème ne revienne. On s’assure d’abord que le drainage naturel autour de la maison est efficace : le terrain doit être en légère pente vers l’extérieur et les gouttières doivent être en bon état pour ne pas arroser les fondations. Les caniveaux ou drains (s’ils sont posés) doivent rester dégagés. À l’intérieur, on continue de chauffer modérément et d’aérer régulièrement durant les mois suivants, jusqu’à ce que les murs soient parfaitement secs.

En cas de doute persistant sur l’origine de l’humidité, il est conseillé de faire appel à un professionnel qualifié. Le traitement des remontées capillaires demande un savoir-faire spécifique (choix du bon produit, calcul des quantités, respect de la procédure d’injection, etc.). Un suivi ponctuel de l’humidité des murs permet de vérifier sur le long terme que l’assèchement est durable. La maçonnerie restera assainie.