TyTek 9 Bois 9 Les étapes d’un traitement de la mérule, du diagnostic à la rénovation

Les étapes d’un traitement de la mérule, du diagnostic à la rénovation

Publié le 18 Mai, 2025

Voici les informations essentielles dans cet article :

👉🏻 Agis vite dès les premiers signes : bois friable, odeur de moisi, plinthes déformées = fais intervenir un diagnostiqueur certifié pour confirmer la présence de mérule.

👉🏻 Déclare l’infestation à la mairie sous 1 mois : utilise le formulaire Cerfa n°12010*02 et informe aussi tes voisins pour éviter une propagation.

👉🏻 Supprime toute source d’humidité : répare les infiltrations, assèche le bâti et assure une ventilation efficace avant tout traitement.

👉🏻 Élimine les matériaux contaminés avec rigueur : purge des zones touchées (bois, maçonnerie, enduits) et confinement du chantier obligatoire pour éviter la dissémination.

👉🏻 Applique un traitement fongicide professionnel : privilégie l’injection de biocides dans la maçonnerie (traitement chimique efficace et durable).

👉🏻 Préviens toute récidive : aère quotidiennement, installe une VMC, ne stocke pas de bois/cartons en zones humides, et fais appel à des pros avec garantie décennale.

La mérule, souvent surnommée « cancer du bâtiment ou lèpre des maisons», est un champignon lignivore capable de ravager les boiseries d’une maison. Elle se nourrit du bois et peut développer rapidement un réseau de mycélium destructeur si les conditions lui sont favorables (humidité, obscurité, chaleur modérée ou peu de ventilation). Ses dégâts peuvent être considérables : charpentes fragilisées, planchers effrités, risques d’effondrement. Face à une infestation de mérule, il est crucial d’agir vite et de suivre un traitement rigoureux.

Qu’est-ce que la mérule ?

La mérule (Serpula lacrymans), ou mérule pleureuse, est un champignon lignivore qui prolifère dans les bâtiments humides et mal ventilés. Elle se développe lorsque le bois contient plus de 20 % d’humidité et que la température ambiante se situe entre 18 °C et 30 °C. Souvent cachée derrière des plinthes ou sous des planchers, elle peut se répandre inaperçue jusqu’au stade où le bois s’effrite et brunit en profondeur. En s’attaquant à la cellulose du bois, la mérule le dessèche, le rend cassant et finit par compromettre la solidité des structures (planchers, poutres, charpentes). 

De plus, ce champignon peut s’étendre aux bâtiments adjacents en transportant l’eau le long de ses filaments, ce qui accroît le risque de contamination des maisons voisines. On la retrouve sur tout le territoire, mais certaines régions (notamment le nord et l’ouest de la France et toute la côte atlantique) sont plus exposées et font régulièrement l’objet d’arrêtés préfectoraux de vigilance.

Symptômes et diagnostic de la mérule

Visuellement, la mérule se manifeste par un feutrage blanc cotonneux dans les zones obscures, ou par de larges plaques brun-orangées bordées de blanc dans des zones plus éclairées. Au-delà de ces apparences, d’autres signes doivent alerter :

  • Bois qui se ramollit, devient friable ou se casse facilement, avec parfois des filaments blancs en surface ;
  • Déformation d’éléments en bois (plinthes qui gondolent, cadres de portes voilés) ;
  • Odeur persistante de moisi ou de champignon humide.

Dès l’apparition de tels symptômes, faites intervenir un diagnostiqueur certifié ou procédez à un prélèvement destiné à un laboratoire afin de confirmer s’il s’agit bien de la mérule. Ce spécialiste inspectera les zones à risque, quitte à ouvrir certaines cloisons ou planchers pour rechercher le mycélium caché. Si la présence de mérule est confirmée, le diagnostiqueur remettra un rapport détaillé servant de base à la planification des travaux curatifs.

Obligations légales en cas d’infestation

En France, la loi impose certaines démarches dès qu’une infestation de mérule est constatée. La loi du 24 mars 2014 (dite loi ALUR) a introduit un dispositif de lutte contre ce champignon, inscrit aux articles L133-7 à L133-9 du Code de la construction et de l’habitation. Concrètement :

  • Déclaration en mairie : L’occupant (ou à défaut le propriétaire) du bâtiment infesté doit déclarer la présence de mérule à la mairie, via le formulaire Cerfa n°12010*02, dans le mois qui suit sa découverte ). En copropriété, cette démarche incombe au syndicat des copropriétaires.
  • Zones à risque délimitées : La mairie transmet l’information à la préfecture. Si plusieurs foyers sont signalés dans une même région, le préfet peut prendre un arrêté délimitant une zone de risque mérule dans le département. Ces zones de vigilance permettent d’informer les futurs acquéreurs, de cibler les actions de prévention et de référencer la mérule.
  • Information lors d’une vente : Si un bien immobilier est situé dans une zone délimitée par arrêté préfectoral, le vendeur doit informer l’acheteur de la présence d’un risque de mérule. Cette mention figure dans le dossier de diagnostic technique remis lors de la vente ).

Par mesure de prudence, il est également conseillé de prévenir vos voisins en cas de découverte de mérule, surtout en immeuble collectif, afin qu’ils puissent inspecter leur propre logement et éviter une propagation insidieuse.

Les étapes d’un traitement complet de la mérule

Faire appel à des professionnels spécialisés est indispensable pour traiter la mérule. Ces entreprises suivent un protocole strict conforme aux référentiels techniques. Un traitement efficace comporte généralement plusieurs étapes successives :

Évaluation et planification : 

Une fois le diagnostic confirmé, un expert ou technicien spécialisé dresse une cartographie précise des zones contaminées et un plan d’action. Il identifie les bois et matériaux à déposer ou renforcer, et préconise les traitements appropriés (assainissement, séchage, traitements fongicides, etc.).

Suppression de l’humidité : 

La première action consiste à éliminer la source d’humidité excessive qui a permis le développement du champignon. Selon les cas, cela peut impliquer de réparer une infiltration (toiture, gouttière, fissure de mur), de traiter des remontées capillaires ou d’améliorer la ventilation du bâtiment. Supprimer l’apport d’eau est indispensable pour stopper la progression de la mérule.

Assèchement du bâtiment : 

Une fois la cause de l’humidité traitée, il est important d’assainir le bâti. Les professionnels procèdent à une aération pour faciliter l’évaporation des solvants des produits utilisés, mais cette étape n’a pas pour but direct de réduire le taux d’humidité du bâtiment. Conformément aux exigences précisées dans les devis et la garantie décennale, l’humidité des murs doit être inférieure à 20 % avant d’engager le traitement contre la mérule.

Retrait des matériaux contaminés : 

Tous les éléments de construction infestés doivent être déposés et évacués. Pour le bois (poutres, solives, planchers, plinthes), seuls les éléments attaqués sont retirés, sans nécessité d’aller au-delà des parties visibles. Concernant la maçonnerie, il est nécessaire de purger les murs sur une zone supplémentaire d’environ 1 mètre autour des foyers visibles pour éliminer tout mycélium résiduel. 

Les enduits ou plâtres contaminés sont également piquetés pour mettre à nu une maçonnerie saine. Les gravats infestés sont ensuite éliminés avec précaution. (Les détails sur l’emballage hermétique et l’incinération sont volontairement omis pour plus de simplicité et de praticité.) Pendant toute la durée des travaux, la zone est confinée et les intervenants portent des équipements de protection (masques, combinaisons) pour éviter la dissémination des spores.

Traitement curatif du champignon : 

Après la préparation du chantier, un traitement fongicide est appliqué pour éradiquer la mérule. Ce traitement consiste principalement en l’injection de produits biocides dans les maçonneries (l’injection dans les bois n’étant pas autorisée). Le traitement thermique par air chaud à 50 °C n’est pas retenu ici, en raison des risques, de l’absence de garantie décennale associée, et de sa fiabilité insuffisante.

Réparations et rénovation : 

Enfin, les éléments déposés sont reconstruits. Les pièces de bois retirées sont remplacées par des bois neufs préalablement traités, ou par des matériaux insensibles aux champignons (comme le métal ou le béton). Il est essentiel de respecter les bonnes pratiques de construction pour prévenir toute récidive : améliorer l’aération des planchers, poser des barrières anti-humidité dans les murs si nécessaire, et veiller à ne pas emprisonner les bois dans des milieux confinés et humides.

Comparatif des méthodes de traitement de la mérule

Les deux principales approches curatives sont le traitement chimique et le traitement par air chaud. Le tableau ci-dessous compare ces méthodes :

Méthode curativePrincipeDurée estiméeCoût indicatifAtouts et limites
Traitement chimiqueInjection et pulvérisation de fongicide dans les bois et maçonneries atteints.Quelques jours (selon l’ampleur)~80 à 200 €/m2 Efficace et durable. Implique l’usage de produits chimiques toxiques (précautions pour les occupants et applicateurs).
Traitement par air chaudChauffage de la zone infestée à environ 50 °C pendant environ 16 heures sous bâche.1 à 2 joursPlus élevé (cas par cas)Éradiquez le champignon sans utiliser de produits chimiques. Cette technique est lourde, coûteuse et peu répandue en raison du risque de dégradation de certains matériaux. Le résultat n’est pas garanti.

Prévention pour éviter la récidive

Une fois la mérule traitée, il est essentiel de rester vigilant pour éviter qu’elle ne réapparaisse. Voici les bonnes pratiques à adopter :

Maintenir une maison saine et sèche

 Après un dégât des eaux, il est indispensable de sécher et de rénover sans attendre afin d’éliminer toute humidité résiduelle. Il est également important d’aérer quotidiennement les pièces humides pour renouveler l’air et limiter la condensation. Enfin, assurez-vous que votre logement dispose d’une ventilation mécanique efficace, comme une VMC ou une ventilation positive, pour garantir un environnement sec et sain.

Surveiller et éliminer les sources d’humidité


Soyez attentif aux signes d’humidité, comme l’apparition de taches, de moisissures ou d’odeurs suspectes sur les murs. Si des remontées capillaires sont détectées, il est conseillé de réaliser une barrière hydrofuge à la base des murs pour empêcher l’humidité du sol de pénétrer. Toute fuite ou infiltration doit être réparée sans tarder pour éviter de créer des conditions favorables à une nouvelle infestation.

Limiter les foyers potentiels


Pour éviter de créer un terrain propice à la mérule, il est recommandé de ne pas stocker de bois (bûches, palettes, vieux meubles) ni de papiers ou cartons dans des espaces clos et humides tels que les caves, sous-sols ou vides sanitaires. Même si les greniers sont en général mieux ventilés, il convient de rester vigilant, car un défaut d’aération peut aussi 

Faire appel à des professionnels certifiés

En cas de doute ou pour sécuriser durablement votre habitation, il est préférable de faire appel à une entreprise spécialisée disposant d’une garantie décennale couvrant le traitement des champignons lignivores. Ce gage de sérieux vous garantit des travaux conformes aux normes en vigueur et un suivi en cas de récidive.

En respectant ces étapes du diagnostic à la rénovation, vous maximisez vos chances d’éliminer définitivement la mérule de votre habitation. La clé du succès réside dans une intervention rapide, le savoir-faire de professionnels compétents et le contrôle durable de l’humidité. Vous protégerez la santé de votre logement et préserverez votre patrimoine de ce champignon redoutable. Vous pourrez retrouver une maison à nouveau saine, entièrement débarrassée de la mérule, et en préserver la valeur sur le long terme.