L’isolation intérieure des murs est l’un des travaux de rénovation thermique les plus efficaces pour réduire les déperditions de chaleur (20–25 % d’économies sur la consommation) et améliorer le confort thermique du logement. Souvent privilégiée en rénovation, l’isolation par l’intérieur (ITI) est également moins coûteuse que l’isolation externe.
Elle ne modifie pas l’aspect de la façade et peut se réaliser pièce par pièce, mais n’élimine pas tous les ponts thermiques et réduit légèrement la surface habitable disponible. Face à la multitude de matériaux isolants sur le marché (laine de verre, polystyrène, fibre de bois, etc.), il n’est pas toujours facile de choisir le bon produit. Nous passons en revue les critères de choix importants, puis comparons les principaux isolants intérieurs avec leurs atouts et limites.
Critères de choix d’un isolant intérieur
Plusieurs éléments sont à considérer pour bien choisir son isolant :
- Performance thermique (λ et R) : La capacité isolante d’un matériau se mesure par sa conductivité thermique λ (W/m·K) et sa résistance thermique R (m²·K/W). Plus λ est faible, plus l’isolant est performant. Inversement, plus R est élevé, plus le matériau ralentit le flux de chaleur. À titre d’exemple, pour des murs bien isolés en rénovation, il faut viser une résistance thermique R ≥ 3,7 m²·K/W.
- Épaisseur disponible : L’isolant étant posé côté intérieur, son épaisseur empiète sur l’espace habitable. Si vous ne voulez pas perdre trop de place, choisissez un matériau performant qui nécessite moins d’épaisseur (ex. polyuréthane ou polystyrène haute densité). En pratique, une isolation intérieure efficace des murs mobilise souvent 12 à 18 cm d’isolant environ.
- Coût du matériau : Les prix des isolants varient fortement. Par exemple, la laine de verre se trouve autour de 16€ du m², alors qu’un isolant biosourcé (coton, chanvre…) peut coûter jusqu’à 20–23 € du m². En général, les laines minérales et le polystyrène sont parmi les moins chers, tandis que les mousses hautes performances et les isolants écologiques sont plus onéreux.
- Facilité de pose : Si vous envisagez de poser vous-même l’isolant, privilégiez un produit facile à manipuler et à découper. Les rouleaux ou panneaux semi-rigides (laine minérale, fibre de bois…) sont plus simples à mettre en place que les isolants en vrac qui requièrent une machine à insuffler (ouate de cellulose, flocons). Les panneaux rigides (polystyrène, polyuréthane) nécessitent de soigner les joints et l’étanchéité à l’air lors de la pose.
- Sensibilité à l’humidité : Certains isolants sont sensibles à l’humidité et nécessitent la pose d’un pare-vapeur (cas des laines minérales ou mousses synthétiques). D’autres sont au contraire perspirants et laissent les murs respirer (fibre de bois, chanvre…).
- Impact environnemental : Certains isolants biosourcés (d’origine naturelle ou recyclée) ont une empreinte carbone faible, tandis que d’autres demandent beaucoup d’énergie grise pour être produits. Par exemple, les laines minérales ont un bilan environnemental moins favorable que les isolants écologiques.
- Durabilité et sécurité : Certains matériaux peuvent se tasser (perte d’efficacité isolante au fil du temps), tandis que d’autres conservent leurs performances dans la durée. Pensez également au comportement au feu : les laines minérales, notamment la laine de roche, sont non combustibles, alors que la plupart des isolants synthétiques et naturels sont combustibles (même s’ils sont traités anti-feu) et doivent être protégés par un parement (plaque de plâtre ignifuge, enduit).
Les principaux types d’isolants intérieurs
On distingue trois grandes familles d’isolants pour l’intérieur : les isolants minéraux, les isolants synthétiques et les isolants biosourcés. Chaque famille présente des caractéristiques différentes en termes de performances, de mise en œuvre et d’écologie.
Les isolants minéraux (laine de verre, laine de roche)
Les laines minérales (laine de verre et laine de roche) sont très utilisées en isolation intérieure. Fabriquées par fusion de matière minérale (verre recyclé ou roche volcanique), elles se présentent en rouleaux ou en panneaux fibreux. Leur conductivité λ avoisine 0,032 à 0,040 W/m.K, ce qui permet d’atteindre une bonne performance avec une épaisseur raisonnable. Ces isolants offrent un excellent rapport performance/prix, ce sont parmi les matériaux les moins coûteux. À noter que, la laine de roche est incombustible (aucun risque d’incendie) et assez faciles à installer dans une ossature.
Avantages : très bon marché et efficace (choix au rapport qualité/prix imbattable); excellente résistance au feu (non combustibles); pose facile en rouleaux ou panneaux légers.
Inconvénients : peuvent irriter lors de la pose (poussières de fibres); bilan écologique moyen (fabrication énergivore, recyclage difficile); faible confort d’été (faible inertie, la chaleur les traverse vite); risque de léger tassement au fil des ans.
Les isolants synthétiques (polystyrène, polyuréthane…)
Les isolants synthétiques sont des mousses plastiques issues de la pétrochimie (principalement polystyrène expansé ou extrudé et polyuréthane). Ils se présentent sous forme de panneaux rigides (ou mousse projetée) et offrent une très forte performance thermique pour une épaisseur réduite. Leur λ est très bas : autour de 0,029–0,036 W/m.K pour le polystyrène et jusqu’à 0,024 W/m.K pour le polyuréthane. On les qualifie d’ailleurs parfois de “meilleurs isolants” d’un point de vue purement thermique, car ils permettent d’atteindre une haute résistance R avec peu d’épaisseur. Ces mousses sont en outre légères et peu sensibles à l’humidité (imputrescibles).
Avantages : performances thermiques excellentes (λ très faible) – on isole beaucoup en peu d’épaisseur; matériau léger et facile à découper; insensible à l’eau (aucune absorption d’humidité).
Inconvénients : fabrication peu écologique (dérivés du pétrole, impact carbone élevé); combustibles : en cas d’incendie, ces isolants fondent en dégageant des fumées toxiques et doivent être recouverts d’un parement coupe-feu; faible inertie (confort d’été moindre); coût plus élevé que les laines minérales. En somme, malgré leur efficacité, ces isolants synthétiques présentent des défauts majeurs à ne pas négliger.
Les isolants biosourcés (fibre de bois, ouate de cellulose, chanvre…)
Les isolants biosourcés regroupent les matériaux d’origine naturelle ou recyclée : ouate de cellulose (papier recyclé), laine de bois, laine de chanvre, liège, etc. Disponibles en vrac (ouate à souffler) ou en panneaux/rouleaux, ils offrent des performances proches des laines minérales (λ ~0,038–0,045 W/m.K). Leur atout majeur réside dans le confort d’été qu’ils procurent. Plus denses et à forte capacité thermique, ces isolants retardent la pénétration de la chaleur estivale (déphasage élevé). Par ailleurs, ce sont des matériaux souvent perspirants, capables de réguler l’humidité des parois.
Avantages : matériaux écologiques et sains (biosourcés ou recyclés, contenant peu de produits chimiques, comme le liant à 1 à 3 %) ; très bon confort d’été grâce à leur forte inertie thermique ; bonnes performances acoustiques (masse élevée) ; pose sans irritation (absence de fibres urticantes).
Inconvénients : coût plus élevé (généralement >15 €/m²); peu combustibles malgré les traitements (doivent aussi être protégés par un parement); sensibles à l’humidité (à maintenir au sec, sous peine de moisissures); mise en œuvre parfois plus technique (ex. ouate en vrac à insuffler, panneaux biosourcés plus lourds à manipuler).
Tableau comparatif des isolants intérieurs
Le tableau suivant récapitule les caractéristiques de quelques isolants courants en isolation intérieure :
Matériau isolant | Conductivité λ | Épaisseur ≈ pour R=4 | Coût indicatif | Pose | Durabilité / Remarques |
Laine de verre | 0,032–0,040 W/m.K | ~16 cm | ~11 €/m² | Facile (rouleaux) | Incombustible, peut irriter |
Laine de roche | 0,033–0,042 W/m.K | ~17 cm | ~13 €/m² | Facile (panneaux) | Incombustible, dense (insonorisant) |
Polystyrène expansé (PSE) | ~0,030–0,036 W/m.K | ~14 cm | ~20 €/m² | Facile (plaques) | Combustible, imputrescible |
Polyuréthane (PUR) | ~0,022–0,028 W/m.K | ~10 cm | ~30 €/m² | Moyen (panneaux) | Combustible, très isolant |
Ouate de cellulose | 0,038–0,041 W/m.K | ~16 cm | ~16 €/m² | Moyenne (vrac/panneaux) | Combustible (traitée), peut se tasser |
Fibre de bois | 0,036–0,046 W/m.K | ~18 cm | ~18 €/m² | Moyenne (panneaux) | Combustible (traitée), très dense |
En pratique : quel isolant choisir selon vos besoins ?
En définitive, l’isolant intérieur idéal dépend de vos priorités :
- Budget serré : optez pour la laine de verre ou de roche, qui offre un rapport isolation/prix très avantageux.
- Espace intérieur réduit (peu d’épaisseur disponible) : privilégiez un isolant à haut rendement comme le polyuréthane ou le polystyrène extrudé, pour isoler efficacement sans trop empiéter sur vos pièces.
- Confort d’été et écologie : tournez-vous vers un isolant biosourcé, plus écologique, (par ex. fibre de bois, ouate de cellulose) qui augmente l’inertie thermique et s’appuie sur des matériaux naturels.
- Exigences particulières : pour une isolation acoustique renforcée, les isolants fibreux denses (laine de roche, fibre de bois) sont performants; si le mur est sujet à l’humidité (mur ancien), mieux vaut un isolant perspirant (fibre de bois + frein-vapeur). Enfin, si la sécurité incendie est une priorité (présence d’un poêle, etc.), les laines minérales incombustibles s’imposent.
La clé est de bien définir vos priorités en amont (budget, espace disponible, confort thermique, écologie) afin de sélectionner l’isolant le plus adapté à votre projet de rénovation. Enfin, soignez la pose (étanchéité à l’air, pare-vapeur si nécessaire) pour garantir une isolation intérieure durable dans le temps et performante sur le plan énergétique.